La qualité de l'eau
Quelles sont les normes de potabilité, les conséquences d’une eau non adaptée sur les mammites, sur le parasitisme ? L’eau sert à l’abreuvement des animaux, à nettoyer les installations de traite, et entre en contact avec le lait. Autant de raisons qui justifient de disposer constamment d’une eau potable en élevage, et de veiller à sa qualité en ayant recours à des analyses régulières.
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I NORMES DE POTABILITE
L’eau d’abreuvement doit être fournie aux vaches en quantité et qualité.
C’est le bon sens..
Mieux vaut éviter qu’elle ne véhicule des agents pathogènes (salmonelles, douves) ou des substances toxiques (nitrates, pesticides)
Les vaches, en règle générale, ont besoin de 4 à 5 litres d’eau par kilo de matière sèche ingérée ou 3 litres par litre de lait produit.
Quelles références pour l’eau d’abreuvement des animaux ?
Dans l’union européenne, il n’existe pas de normes spécifiques pour l’eau destinée à l’abreuvement des animaux. On doit donc se fonder sur les normes de l’eau de boisson de l’homme (décret n°89-3 du 3 janvier 89) relatif aux eaux destinées à la consommation humaine.
Analyses bactériologiques |
Normes europeennes maxima |
Germes totaux par ml |
|
|
10 100 |
|
Absence |
Coliformes totaux par 100ml - (à 37° pendant 24 H) |
Absence |
Coliformes thermotolérants par 100 ml - (à 44° pendant 24 H) |
Absence |
Bactéries anaérobies Sulfito-réductrices par 20 ml (à 37 °pendant 48 H) |
Absence |
Analyses Chimiques |
|
Nitrates en mg/l |
50 |
Nitrites en mg/l |
0.10 |
Fer total en mg/l |
0.20 |
Dureté totale en degré français |
12-14 |
PH à 20° |
6.50-8.50 |
Sulfates en mg/l |
250 |
Matières organiques en mg/l |
5 |
Cuivre en mg/l |
1 |
Ammoniaque en mg/l |
0.5 |
Titre alcalimétrique complet en degré français |
10-15 |
Conductivité en micro siemens/cm |
200-800 |
Chlorures en mg/l |
250 |
Chlore libre en mg/l |
0.3 |
Manganèse |
0.05 |
L’ eau pure n’existe pas. Ce très bon solvant garde « en mémoire » tout ce qu’il touche : gaz, minéraux et autres matières avec lesquelles il est entré en contact.
L’eau assure en outre le transport de micro-organismes, bactéries, virus, algues, champignons...
La première cause de mauvaise qualité de l’eau d’abreuvement distribuée aujourd’hui en France demeure la contamination microbiologique. En matière de qualité chimique, le paramètre le plus souvent non conforme aux normes est la teneur en nitrates, mais il semble que les risques pour la santé des ruminants soient bien faibles avec les valeurs actuellement rencontrées. La pollution par les métaux lourds et les produits phytosanitaires reste très discrète mais doit être surveillée avec attention afin d’éviter les risques de contamination des denrées produites.
II Conséquences d’une eau non adaptée
VACHES |
VEAUX | |
BACTERIO |
Mammites, métrites Diarrhées panaris Boiteries Qualité du lait |
Diarrhées Toux Abcès |
PH ET TH |
PH et TH bas : Problèmes de reproduction Carence en calcium |
PH et TH élevés : Mauvaise assimilation Constipation, anémie PH et TH bas : Diarrhées, coloration de la viande |
Nitrates |
Problèmes de reproduction Troubles nerveux Mauvaise assimilation des minéraux et vitamines Problème de croissance |
Mortalité Problèmes respiratoires Problèmes digestifs Croissance lente |
FER |
Peu d’incidence |
Coloration de la viande |
La présence de contamination fécale (coliformes totaux, coliformes et streptocoques fécaux) indique une présence possible de germes pathogènes, même s’il est souvent difficile d’établir une relation directe entre la contamination d’une eau de boisson et l’émergence d’une pathologie.
2.1 Salmonelles
Une des origines des salmonelloses peut être une eau contaminée. Les conséquences sont des entérites, avortements chutes de production, mortalité chez les jeunes et les adultes, frais thérapeutiques et risques de contamination humaine et de résurgences par porteurs sains.
Par contre, le lait n’est pas contaminé par voie « interne » et la mamelle sert de filtre biologique . En tout cas, quand la vache est en bonne santé .
Les affections liées à l’eau de boisson peuvent être bénignes et se traduire le plus souvent par des diarrhées, à redouter en particulier chez le veau. Mais un certain nombre de maladies, dont la plupart sont des zoonoses, peuvent également être transmises par de l’eau d’abreuvement. (botulisme, brucellose, colibacillose, leptospirose, tuberculose, paratuberculose, listériose, chlamydiose, maladie des muqueuses, rotaviroses...)
2.2 mammites
La mauvaise qualité bactériologique de l’eau est aussi parfois considérée comme « facteur de risque » de l’émergence d’affections variées ( mammites, métrites, avortements...)
Il existe des cas où une mauvaise qualité bactériologique de l’eau entraîne des flambées de cellules, mais le plus souvent le lien avec des maladies (mammites, métrites..) n’est pas direct.
En revanche, il est certain que le lavage des trayons avec une eau de mauvaise qualité bactériologique est un facteur de risque de mammites.
Une eau non potable est un facteur aggravant des mammites et des taux cellulaires élevés, en diminuant les défenses des vaches laitières, et secondairement par la pollution des surfaces, lors du lavage des circuits du lait (canalisation) et des mamelles.
Au delà du seul aspect pathologique, deux autres utilisations de l’eau exigent qu’elle respecte les normes bactériologiques et chimiques.
D’une part, il serait aberrant de nettoyer les mamelles et la machine à traire avec une eau non potable. D’autre part, la qualité de l’eau est un impératif lié à la qualité des produits livrés par les éleveurs.
2.3 parasitisme
Le danger est également parasitaire. Les oeufs de divers helminthes parasites peuvent être transmis par l’eau. Ce mode de transmission n’est pas prépondérant et il ne semble pas y avoir de relation directe entre eau d’abreuvement et parasitoses de type coccidiose ou cryptosporidiose. Plus important est le rôle que peut jouer l’eau d’abreuvement dans l’infestation des bovins par la grande douve. Si les animaux s’abreuvent dans une mare, un trou d’eau ou si leur abreuvoir au pâturage déborde et crée un milieu humide favorable au développement des limnées, l’ingestion de métacercaires infestantes est possible, car elles ne sont pas seulement fixées sur l’herbe, mais peuvent également flotter dans l’eau et y résister plusieurs mois.
III PREVENTION
3.1 L’eau se recontamine dans les abreuvoirs.
Avoir une eau de qualité à la source, c’est bien, mais quel intérêt si c’est pour la salir par la suite. Les déjections accumulées sur les parois extérieures des abreuvoirs donnent une idée de ce qui peut aussi tomber dedans. Les bacs sont des milieux très favorables à la prolifération des germes pathogènes, et en été, ils peuvent devenir des bouillons de culture. Les animaux y apportent des bactéries et des résidus d’alimentation. Les lactobacilles sont gênés par la présence d’oxygène dissous dans l’eau. Ils cèdent la place aux bactéries pathogènes, coliformes, steptocoques, et staphylocoques, eux-mêmes favorisés par le PH de l’eau et les restes de matière organique.
Eviter le développement de ces germes passe par l’élimination des causes de contamination. Il est conseillé de nettoyer et de désinfecter les abreuvoirs tous les 15 jours en hiver et toutes les semaines en été. La désinfection peut se faire à raison d’une ou deux cuillères à soupe d’eau de Javel pour 100 litres d’eau.
3.2 de bonnes raisons d’abandonner les mares, ruisseaux et les étangs
Ne laissez pas vos vaches s’abreuver à toutes les sources. Les eaux des mares, ruisseaux, étangs ne doivent plus être utilisées. Elles constituent un risque de contamination directe par les déjections des animaux et aussi par les effluents d’élevage (par épandage ou ruissellement). Leur qualité varie rapidement, suite à des épisodes pluvieux par exemple. En cas de températures élevées, du phytoplancton toxique (algue bleue notamment) peut se développer. Ces eaux sont soumises à des contaminations par des pesticides. Elles abritent des parasites et contribuent à la dissémination et à la transmission de maladies
IV UNE BONNE INITIATIVE : L’ANALYSE
- Le prélèvement s’effectue au point de l’élevage le plus éloigné de l’arrivée d’eau.
- Le robinet doit être stérilisé à la flamme d’une lampe à souder avant d’être ouvert.
- Laisser couler 15 à 20 litres d’eau avant de prélever.
- Utiliser un flacon stérile de 500 ml à 1 litre.( Fourni par le laboratoire)
- Remplir complètement le flacon sans toucher au robinet, reboucher immédiatement puis l’acheminer vers le laboratoire en le maintenant au froid.
Ne sous estimez pas l’importance de l’eau en élevage laitier. Soyez attentif à la qualité de l’eau s’il s’agit d’un puits et nettoyez régulièrement les abreuvoirs.
Bruno CHEVET Ingénieur BTPL
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